Les Fantômes de Manhattan, RJ ELLORY

Date de publication: 07/06/2018

Éditions: Sonatine

Et voici mon premier Ellory, lu dans le cadre du Festival Sans Nom! Des échos ont murmuré qu’il était différent des autres ouvrages de l’auteur… Ecrit dans les années 2000, il n’a pas été publié avant 2018. Pour ma part, j’ai adoré… et j’en redemande!

Résumé: Annie O’Neill, jeune trentenaire possède sa propre librairie. D’ailleurs, c’est à peu près tout ce qu’elle possède…

Une vie tranquille, sans frasques, sans fresques. Célibataire, sans enfant, sans parents, elle ne jure que par Sullivan, son voisin de pallier amoureux des bouteilles. Des livres, voilà ce qui l’entoure au quotidien. Une vie banale, trop banale, empreinte de solitude. Un quotidien qui se voit bousculé le jour où M.Forrester met les pieds dans sa librairie. Ce vieil homme se présente à elle comme un ami de ses parents, notamment de son père qu’elle n’a que trop peu connu. Il lui remet un manuscrit relatant la vie d’Haim Kruszwica, petit garçon rescapé des camps de concentration. De Dachau au grand banditisme New-yorkais, Annie O’Neill détiendra une histoire dans l’Histoire, et pas n’importe laquelle…

Mon avis: Oui je sais. Vous devez certainement vous dire « Quoi ?! Est-ce possible?! Elle n’a jamais lu Ellory?! » Eh oui! Mais je viens heureusement de conjurer le sort!

Bon que dire..! J’ai juste passé un moment hors du temps. Une vraie plongée dans l’Histoire. Celle avec un grand « H » et celle avec un petit « h ». Cette alliance est très bien menée et oriente l’ouvrage de deux belles manières, entrelacées. À commencer par le manuscrit de Forrester et notamment la portée historique en lien avec la seconde guerre mondiale et les horreurs des camps de concentration. Ellory sait décrire et raconter cet épisode dramatique de l’Histoire, en toute justesse. On passe ensuite au banditisme new-yorkais, genre mec hargneux aux cheveux gominés. Là encore, les événements sont contés avec finesse et précision, et ça fait mouche! Je m’y voyais dans ce New-York des sixties-seventies! Bien entendu, là où Ellory est fort, c’est dans sa façon d’imbriquer une histoire dans l’histoire tout en instillant suspens et attachement. Le récit principal concerne Annie et sa vie monotone qui s’anime enfin suite à la rencontre avec ce M.Forrester! D’une vie en sépia, Annie passe aux couleurs de la vie, et à toutes ses émotions. L’ouvrage de Mister Ellory est un roman noir, à travers ses aspects sombres, certaines fois trash ou même angoissants. Je l’ai trouvé différent des autres romans du genre, dans sa façon d’être abordé, d’être écrit. Cette noirceur est en filigrane à travers toute l’œuvre, mais ne m’a jamais réellement sautée au visage. Une douce noirceur dirais-je…

Quant aux personnages, si Annie m’a semblée bien molle au départ, elle prend significativement vie au fil des pages, pour se révéler, s’affirmer. Gros coup de cœur pour Sullivan qui, sous ses abords d’ours asocial au foie malmené, se cache un homme au cœur débordant d’affection. Et puis, j’ai aimé l’histoire d’Haim, observer son évolution dans la vie, ses choix, ses valeurs, ses renoncements. Le seul bémol que j’ai à relever concerne la fin du livre, que je trouve un poil trop prévisible.

Ellory est décrit comme un conteur, je ne peux qu’approuver. Je me suis délectée de sa plume, qui est l’une des toutes meilleures qu’il m’ait été donné de lire. Je me suis rarement laissée transporter par une alliance de mots si exquise. La tournure des phrases, le choix des mots, tantôt percutants voire crus, tantôt d’une douceur infinie. Dans cet ouvrage sont réunis tous les ingrédients que j’aime. Ça ne peut donc que marcher! J’en suis même très émue, là en écrivant, en y repensant. Ses mots m’ont touchée, ont réveillé en moi des choses profondes et m’ont rappelée à quel point j’aime les mots et la littérature.

En conclusion: Merci RJ! Pour cette histoire, pour vos mots, pour cet amour des mots qui transparaît dans votre œuvre! Je vais donc m’atteler à lire vos autres romans, très prometteurs au vu des critiques que j’en lis. See you soon at the Festival Sans Nom in Mulhouse! 😉


25 réflexions sur “Les Fantômes de Manhattan, RJ ELLORY

  1. Auteur que je viens de découvrir avec papillon de nuit, je suis tombée sous le charme de sa plume poétique, forte, émotionnelle, violente. Un vrai coup de cœur pour moi, je note ce dernier sorti pour le lire assez rapidement. On ne sait jamais, je pourrais le ramener au festival sans nom 😊
    Aprés mes vacances je m’en occupe….😘

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  2. C’est un immense auteur que j’apprécie beaucoup. « Seul le silence » est à mon sens son meilleur livre 😉 j’ai moins adhéré à ces derniers livres mais celui-ci m’intéresse de par son histoire. Il a une très belle c’est tout à fait vrai et c’est aussi vrai que tu en parles avec talent et une sacrée volonté, envie, passion de transmettre ton amour des mots et de la littérature. Un grand merci Gwen. Bisou breizh pour l’Alsace 😉 🙂

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  3. J’ai lu TOUS les Ellory. Tu te réserves de sacrés bons moments.
    Seul le silence est un chef d’oeuvre et les autres (les titres m’échappent mais il y a un titre avec Papillon…) sont prodigieux tant par les histoires que par le style.
    Celui ci est pour moi le moins bon, c’est dire… Je n’ai pas trouvé Annie très sympathique et son évolution peu flagrante. Étrange que tu ne parles pas de David…

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  4. Bonsoir!
    Merci pour ton passage et tes précieux conseils 😉 Effectivement, les deux livres que tu cites sont chaudement recommandés!
    D’accord! J’ai cru comprendre que ça tranchait pas mal avec ses autres livres ! Je peux comprendre pour Annie et pour David, j’ai choisi de l’occulter pour ne pas trop en dire. Pas fan du personnage qui me semblait louche dès sa venue, et la finalité est un peu prévisible…

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